Et si nous revivions 1956 ?


Ce qu’il y a de bien (et de moins bien…) sur internet, c’est qu’on y laisse des traces…

Le jeudi 20 octobre 2011, j’écrivais ceci mon un forum bien connu :

Grande discussion entre paysans ce soir…

– Les cigognes sont déjà parties…

– Les palombes n’ont pas fait long feu…

– La peau des oignons était déjà formée cet été…

– Les chevaux ont déjà un crin anormalement abondant pour la saison…

Nous commencerons la taille plus tôt cette année car il me semble évident que nous allons avoir un hiver glacial… (et je ne plaisante pas)

Je l’avoue, jusqu’au quinze janvier, je me suis dit : « pourvu que personne ne se souvienne de ce truc, je vais passer pour un fou…»

Et bien au final, je vais passer pour un médium ou pour un pré-bioD 😉 Au minimum pour un mec sacrément sensé, ce que je suis d’ailleurs, au passage, enfin je pense 😉

A vrai dire, je n’ai fait que compiler des signes anciens qui pour le paysan, annonçaient le froid. Regarder, ressentir, voilà ce qui fait le vigneron…

Est ce vrai ? Les statistiques sont elles contre moi ? Je n’en sais rien et n’en saurai sans doute rien, vu que des stat météo, il en pleut, mais que personne ne mesure la peau des oignons et monte un modèle statistique pour comparer. Mais je continuerai à regarder les oignons à la sortie de l’été et le crin des chevaux. A prévoir, on ne risque que de se tromper. A ne pas le faire, on risque gros. Disons que je suis bien content d’être avancé sur la taille, parce qu’avec de -2 à -6 et 110 km de tramontane, il est tout simplement impossible de travailler en ce moment.

Un temps Sibérien, si vous voyez ce que je veux dire 😉

Du coup, j’ai repensé à 1956, encore dans toutes les mémoires.. En fait, j’y pense depuis Noël, parce que je savais que 1956 aussi avait commencé comme ça : beaucoup de douceur et de pluie. Du coup, quand la première vague de froid est arrivée, les dégats sur les cultures et les sols ont été énormes. Un sol gelé à plus d’un mètre cinquante par endroit…

En réalité, aujourd’hui, il suffirait de peu. Une deuxième vague de froid, un peu plus importante, un peu plus d’anti-cyclone sur la Norvège et…

Je me demande ce qui se passerait si nous revivions un truc de ce genre :

Meteo.1959.jpg

C’est la carte météo vers la mi-février 56, en Europe, lors de la deuxième vague de froid, celle qui a tout gelé…

En 1956, nous sortions de la guerre. La  nourriture était pour l’essentiel produite localement. Le besoin en énergie était faible. Les réserves alimentaires étaient présentes dans chaque maison ou presque, conserves, fruits, confitures, patates. La France était encore rurale, indépendante, ses habitants responsables, habitués à se débrouiller tout seul, durs à la tâche et à la souffrance, habitués au froid, équipés d’une foule de matériel d’urgence utile dans ce genre de situation. On vivait encore souvent dans de petites communautés, habitués à se serrer les coudes en cas de malheur.

Aujourd’hui, avec de telles températures, les rivières, gelées, entraineraient la fermeture des centrales atomiques.

Certains se souviennent encore avoir traversé bien des rivières à pied ou vu la mer commencer à geler… Là, aujourd’hui ce serait la fin de la majorité de nos sources d’approvisionnement en électricité…

Avec la neige très abondande, sur les régions sud en particulier, plus 180 km/h de vent dans la vallée du Rhône par exemple en 1956, les lignes électriques et téléphoniques seraient détruites. Pas d’ascenseur dans les villes, peu de chauffage suite aux choix du tout électrique motivés par le nucléaire… Nous avons sans doute moins de 30 jours de stock alimentaire, moins de 15 en farine, moins de 7 dans une distribution moderne hyper-centralisée, tant au niveau de la production que du stockage. Personne ou presque ne se chauffe plus au bois. Toutes nos actions sont conditionnées par des ordinateurs qui ne fonctionneraient plus. Les routes seraient éventrées au dégel. Et que serait Saint-Tropez et son mètre de neige de l’époque, quand on voit ce que donne quelques centimètres en ce moment dans le Var ?

Bien sûr, les oliviers éclateraient à nouveau et une grande partie du vignoble français serait détruite, permettant aux autres pays du monde de prendre durablement des parts de marché.

Mais à comparer à la barbarie qui s’installerait sans doute assez vite et à l’état de la France au moment du redoux, ce serait sans aucun doute un problème comment dire, secondaire…

Bon, la prochaine fois, je vous parlerai de l’hiver 54 et du mètre de neige tombé à Vingrau qui bloqua tout pendant des jours 😉

Ou de celui de 62-63 où il fit très très très froid et pendant très, très, très longtemps (de novembre à mars…) avec un petit – 44 en Pologne 😉 ou – 17° à Montpellier le 7 février…

On retiendra quand même de l’étude de la météo que, suite à ses grands froids, la chaleur eut bien du mal à s’affirmer par la suite, que l’été fut pourri, le froid permanent, la pluie omniprésente au point que le meilleurs 1956 que j’ai gouté est un Château Musar, vin du Liban bien connu 😉 Mais bon, je n’ai pas persévéré… Idem pour 1954 (quelques Médocs corrects, on se demande comment…) et 1963, catastrophique, sauf parait-il Latour, jamais goûté… Mais bon, il y a eu 1964 juste après et à l’époque les presses des bons millésimes servaient à améliorer les petits.

Donc, qu’il soit annoncé ici officiellement 😉 que nous nous préparons avec courage à une année compliquée dans la vigne, en espérant secrètement bien sûr que la réalité me donne tort…

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