L’avenir commence ici


Aie, Monvinic est complet…

Mais Isabelle, passée récemment au domaine, nous propose la salle de conférence. Mais sans conférence. Hop, nous ne nous le faisons pas dire deux fois, c’est oui. Et nous ne le regretterons pas…

Confortablement installés dans un cadre futuriste mais chaleureux, du bon jazz autour de nous (rien de mieux pour boire des bons vins, définitivement…), nous trônons quelques minutes plus tard, tous les trois, au centre de la salle de dégustation du Monvinic, protégés par des vitres fumées du brouhaha extérieur. Le luxe ? C’est ça le luxe… De petits privilèges, in-achetables,, donné gratuitement par des amoureux du vin qui partagent votre passion. Tout le monde est au petits soins, et nous le voyons et l’apprécions, ce qui renforce la complicité. Merci Isabelle. A côté, un groupe s’agite avec des têtes connues. Renseignements pris, c’est un passionné du vin, mécène à ses heures, sans difficultés financières (c’est mieux quand on veut faire du mécénat ;-), qui invite ses amis et quelques vignerons de passage à Barcelone à un diner dégustation. Ce genre de personnage existe t’il en France ? En tout cas, il ne m’invite jamais ;-) Trop critique, sans doute, je suis ;-)

Après la foule de la dégustation de la journée, nous savourons intensément ce mélange de calme et d’attention. Vous avez vu « la belle et le clochard », quand ils mangent les pâtes sous l’œil attendri du cuisinier ? Et bien c’est nous, comme des papes… Monvinic est un projet stupéfiant, monté lui aussi par un mécène, un concept à ma connaissance unique, où le vin se veut un peu « multimédia ».

On vous tend une tablette graphique (enfin, un ordinateur portable à écran tactile, c’est fou comme la technologie se démode…) et à vous les milliers de références de vin, filtrables à l’envie par région, prix, millésime, cépage, type. Bon, le concept a cinq ans et l’iphone a donné un coup de vieux terrible à l’application de navigation. Mais c’est ludique, on voit la tête des vignerons et surtout, dans cet écran, on voit l’avenir… Couplé à haidu.net, supporté par des tablettes graphiques dont l’ipad va nous donner un bon exemple dans quelques semaines, notre envie de connaissances et de liens sociaux et culinaires n’aura plus de limites. J’ai intérêt à faire vite des vidéo, histoire de me « fixer » sur la pellicule, sot-elle numérique, pour les générations futures, dans la fleur de l’âge… Dans cinq ans, le vigneron devra être acteur. Dans trente ans, on verra sans doute sur les padwinelist une photo ou une vidéo délicieusement datée, celle du « fondateur », moi en l’occurrence ;-), alors que je ne serais plus que poussière depuis longtemps et où l’on rira de mes vêtements démodés comme on le fait aujourd’hui des vidéos des années 80…

Super, il y a au verre (je dois conduire, et pas qu’un peu, juste après le diner…) du Taléia, un vin de Costers del Segre, un vignoble improbable à 1100 mètres d’altitude, dans les Pyrénées, où je suis allé il y a vingt ans voir l’étonnant projet Raimat. Assemblage de Sémillon et Sauvignon, le vin semble couler de la roche, sortant d’une source magique, formidablement mis en valeur par des Riedel « Grappes »… Je pense que c’est le style de vins que cherchent à faire certains vignerons du Roussillon. Je leur souhaite d’y arriver, un jour mais je crains qu’avec du Maccabeu, cela soit mission impossible… Raül Bobet est déjà une star en Espagne, un génie du vin et des terroirs, et l’association avec Sergi Ferrer lui a donné les moyens de faire. Il allie créativité, technicité, sens du terroir, respect des cépages et compréhension des goûts du public. Il me fait me sentir tout petit, je l’avoue, ce jour là. J’ai commencé trop tard à faire du vin, c’est clair et je dois accepter mon destin et mon histoire. L’homme sage connait ses limites. Le vin de ce soir ne peut qu’évoquer Didier Dagueneau et la précision de ses derniers millésimes. Combien sommes nous, encore, à penser à Didier et à avoir les larmes aux yeux certains soirs ? Ainsi va la vie…

Bon, diner extra, bons produits mis en scène à la perfection par le chef, Sergi. Il était à l’Excellence, à Andorre et faisait des merveilles avec des produits presque bruts, dans un placard de quelques mètres carrés. Il a l’air heureux de nous voir, nous le sommes aussi. Espérons que nous aurons plus de temps pour discuter la prochaine fois.

On termine en sirotant un Priorat absolument remarquable, toujours de Ferrer-Bobet, un Seleccio Especial élevé au millimètre, le meilleur Priorat de la journée avec celui de Michel Tardieu et le petit projet de l’équipe d’anciens sommeliers Brunet-Massard, Huellas (mais j’ai pas tout goûté, hein, alors personne ne se vexe, s’il vous plait). Le menu et les vins sont donnés sur une petite carte, à la fin du repas, ce que tout restaurant devrait faire aujourd’hui grâce à l’informatique. Nous reviendrons, c’est promis…

Bon, désolé, mais il faut que je travaille… Aie, et le Québec, au fait ?

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